Voyager n’est pas toujours chose facile mais voyager avec 40° de température l’est encore moins. Nous quittons Sapa en van puis en train pour rejoindre Hanoi…Une journée enfermés dans la chambre d’hôtel à frissonner (pour Damien) puis départ le lendemain matin… de longues heures de trajet nous attendent. Un vol Hanoi/Singapour... 14 heures d’attente dans l’aéroport sur-climatisé à tenter de dormir recroquevillés ( parce qu’on est gelé et qu’on a oublié de prendre les pulls!) dans de petits fauteuils inconfortables... Vol Singapour/Java puis 2 heures d’attente pour prendre le bus et rejoindre le centre ville de Jakarta... Une journée dans la chambre d’hôtel, cette fois c’est moi qui reste enfermée à frissonner. Et oui Damien est très généreux ! Malgré tout nous ne voulons pas rester plus longtemps dans cette ville, il n’y a rien pour nous ici. Nous voulons voir les volcans situés à l’est de l’île de Java. Les trajets en train de jour sont complets durant les trois prochains jours nous nous rabattons donc sur le trajet de nuit… Pas de couchettes cette fois ci… Assis 18 heures jusqu’à Probolinggo… à l’arrivée je n’ai qu’une envie, m’allonger au frais et ne plus bouger.
Six jours ont passé depuis notre départ de Sapa et nous n’avons rien fait, enfin rien de particulier mise à part se déplacer et lutter contre un virus. Mais aujourd’hui tout le monde va mieux, nous sommes parés pour de nouvelles aventures… Au programme des trois prochains jours : deux volcans, des nuits trop courtes et des kilomètres à parcourir…
Un mini bus part de Probolinggo et nous emmène à Ngadisari… "eh mon gars tu passerais pas la quatrième… Ah t’es en cinquième!" Un petit village d’altitude situé non loin du mont Bromo. Nous y passons une courte nuit, il est trois heures du matin lorsque nous embarquons dans la jeep. Après une heure de voyage il fait encore nuit mais nous nous installons, prêts à admirer le spectacle: le lever du soleil sur les volcans. Comme ce site est très facile d’accès nous nous retrouvons au milieu de dizaines de touristes. Ils sont là comme nous à attendre que le soleil se lève... Le jour se lève enfin mais le soleil est absent, trop de nuages ! Nous apercevons le mont Bromo et plusieurs autres volcans autour dont le plus haut sommet de Java, le mont Semeru et ses 3 676 mètres.
Nous oublions les vendeurs de thé et de café, les autres touristes et nous restons là une heure, peut être plus à observer le paysage changer de couleur… Le temps est suspendu. Une fois le jour complètement levé, nous retournons à la jeep afin de nous approcher un peu plus près du Bromo… La difficulté est de trouver notre jeep, des dizaines sont garées le long de la route en attendant les touristes !
Nous descendons au pied du mont Bromo, on se croirait dans le désert. La marche jusqu’au volcan s’effectue dans le sable, à plusieurs reprises, des hommes nous proposent de chevaucher leur monture pour rejoindre le sommet mais nous préférons profiter simplement du décor quelque peu irréel. Un temple hindou est construit au pied du mont Bromo, volcan en activité qui culmine à 2330 mètres.
Une fois sur la crête le chemin se fait très étroit, trop étroit. Aucune barrière, aucun filet de sécurité… il faut faire attention de ne pas glisser…Un petit lac acide gît au fond du cratère fumant … Un pas de travers et c’est la mort assurée!
Nous contemplons le mont Bromo mais également le désert et les autres volcans plus grands, plus méchants, plus loin…
Nous profitons de l’occasion pour faire une offrande : jeter un petit bouquet de fleurs séchées dans le cœur du volcan… Offrande sensée calmer ses accès de colère.
Nous rentrons à 9 heures de notre excusion, après un petit déjeuner dans notre hôtel nous repartons pour Probolinggo. Cette deuxième journée qui a commencé de bonne heure est loin d’être terminée.
Pour voir le Kawa Ijen (deuxième volcan prévu au programme) nous passons par une agence. Ce volcan assez difficile d’accès a été rendu célèbre par Nicolas Hulot dans son émission Ushuaia… lac de cratère vert émeraude, porteurs de souffre… ça vous dit quelque chose ?
Première étape, se rendre à Sempol. Quatre heures de route : trois heures avec au volant un frappadingue qui double tout et tout le temps (pour moi, trois heures avec une boule d’angoisse au ventre… va passer… va pas passer… va le percuter…. va pas savoir freiner! ) et une heure avec le même frappadingue qui se la pète moins puisque la chaussée ressemble à une piste de caillasses parsemée de nids de poule ( une heure pour parcourir les 17 derniers kilomètres!). Nous arrivons exténués mais sains et saufs à notre hôtel situé au milieu des plantations de caféiers. Encore une fois notre nuit est courte, il est deux heures du matin lorsque le guide frappe à la porte. Si on veut voir "the blue fire" c’est maintenant qu’il faut y aller ! On se décolle les yeux à l’eau glacée, chargeons nos sac à dos dans le van et prenons la route pour Kawa Ijen. Il est trois heures lorsque nous commençons l’ascension du volcan accompagnés d’un guide. Nous montons durant plus d’une heure à la lampe de poche, la pente est raide… nos muscle sont encore engourdis, les premiers porteurs de souffre nous rattrapent . Là haut le vent souffle, il fait froid… Nous sommes sur l’arrête du cratère. Evidemment il fait encore noir mais c’est voulu, dans le fond du cratère "the blue fire", des flammes bleues produites par le souffre en feu. Spectacle visible uniquement la nuit. Il est officiellement interdit de descendre dans le cratère mais Damien insiste auprès du guide "ok, you can go but maman stays there avec baby" quoi moi ? Mum reste ici avec baby, c’est une blague ? Mais non, il ne plaisante pas ! Damien descend dans le cratère accompagné du guide pendant que Clément et moi restons en haut de la crête transits de froid dans le noir le plus complet… Quarante minutes plus tard Damien revient seul: "il faut descendre, il faut voir ça de près"… Nous n’attendions que ça, descendre ! Le chemin est étroit, parfois glissant mais sans grande difficulté.
En bas le souffre brûle, les fumeroles bleues qui nous entourent produissent un bruit sourd… la scène est spectaculaire. Une fumée épaisse, blanchâtre à l’odeur d’œuf pourri s’échappe des parois du volcan, par chance l’absence de vent limite les émanations de souffre.
Le jour se lève, le volcan nous dévoile son lac bleu turquoise. Et puis toujours ses hommes, ses mineurs pliés sous le poids des paniers de bambou chargé de souffre…
Une belle leçon de vie, alors que nous remontons doucement la pente du cratère les porteurs descendent en trottinant et en chantant. Ils exécutent un travail harassant, dangereux et très mal rémunéré. Le souffre est extrait là où les vapeurs sont les plus toxiques… des fumées qui détériorent les voies respiratoires. Chaque porteur exécute en moyenne quatre aller-retour quotidien entre l’intérieur du cratère et la base du volcan avec des charges qui dépassent 70kg. Les masses transportées sont impressionnantes, aujourd'hui l’un d’entre eux porte sur son épaule un chargement de 91 kg.
La pesée, chaque mineur y passe car ils sont payés au kilo… Six centimes d’euro par kilo !
Nous redescendons au pas de course et ne croisons que quelques touristes, beaucoup plus difficile d’accès le Kawa Ijen est beaucoup moins fréquenté que le Bromo.
Nous remontons à bord du van, trois heures plus tard nous sommes dans le ferry direction Bali…