Nous réservons notre croisière de quatre jours et quatre nuits la veille de notre départ… Les trois dernières places disponibles avec la compagnie Kencana adventure.
1er jour. Trente minutes suffisent pour rejoindre la grande île de Lombok depuis Gili Meno. Là, nous grimpons dans le bus. Celui-ci nous permet de traverser Lombok et de découvrir, après une multitude d’arrêts (ben ouais, il faut que l’équipe organisatrice du trip fasse les courses pour les 4 prochains jours ! ) notre embarcation au petit port de Labuhan Lombok. Nous savions qu’il ne s’agirait pas d’un paquebot 5 étoiles, résultat : nous sommes agréablement surpris... Un bateau au confort certes très rudimentaire, pas d’eau douce à bord, un trou dans la coque en guise de WC, une micro cuisine pourvue de trois cuisiniers expérimentés, un dortoir à l’étage muni de matelas ultra fin et une natte posée à même le sol faisant office de table.
Mais peu importe nous avons beaucoup de chance car parmi les 21 passagers à bord 13 sont français. Plus étonnant encore, comme nous il s’agit de voyageurs au long cours ! Nous faisons la connaissance de Karine, Frédéric et de leurs deux enfants Lila (9 ans) et Milo (5 ans) qui parcourent l’Asie depuis 9 mois. Mais également de Reynald, Claire et de leurs trois enfants Augustin ( 9 ans), Lyse (7 ans) et Arthur (11 mois) qui débutent un tour du monde. J’avoue que je les envie un peu… L’entente est immédiate, les enfants s’approprient le dortoir pendant que les parents s’échangent expériences et bons plans.
Après plus de cinq heures de navigation nous arrivons la nuit tombée à Gili Bola. Pas le temps de goûter comme prévu à la température de l’eau, nous dégustons un repas copieux avant de nous installer dans notre chambrée. Nous nous endormons dans le calme, bercés par les mouvements de l’eau… 1h30 du matin, les vibrations et le bruit assourdissant du moteur nous sortent de notre torpeur. Le capitaine juge qu’il faut partir sur le champs prétextant que la mer est agitée… j‘sais bien que c‘est lui le marin mais franchement c’est une mer d‘huile… y’est peut être insomniaque ?
2ème jour. Nous débarquons de bonne heure sur l’île de Moyo… Après une courte marche à travers la jungle nous nous rafraîchissons sous une cascade, les enfants s’éclatent !
Un peu plus loin l’île de Satonda. Une île volcanique renfermant un grand lac salé (lac formé après le passage d’un violent tsunami il y a près de 200 ans).
Sur place, les enfants s’accaparent d’un petit radeau. Quelques rondins de bambou reliés par de misérables morceaux de ficelle, un morceau de bois en guise de pagaie et voilà nos petits aventuriers partis explorer le lac de cratère.
Il nous reste suffisamment de temps pour une bonne séance de snorkeling avant de repartir pour 18 heures de navigation non-stop. Je crains le pire, le secteur traversé pour rejoindre le parc national de Komodo est réputé pour ses courants violents. Une zone particulièrement dangereuse puisque plusieurs naufrages ont eu lieu ses dernières années... Malgré le bruit du moteur et les relents de diesel nous nous assoupissons rapidement… rapidement mais pas pour longtemps. Le bateau tangue sérieusement et il devient difficile de rester allongés sur le côté, à chaque mouvement de mer nous sommes plaqués tels des culbutos... un coup sur le dos... un coup sur le ventre… Nous restons sagement sur la face la moins désagréable en attendant le retour au calme… Mais la mer s’agite de plus belle, le bruit sourd de la coque claquant sur l’eau et les oscillations croissantes mettent nos nerfs à rude épreuve… Impossible de retrouver le sommeil. Soudain, une vague violente percute notre navire, nous glissons brusquement à bâbord… Quelle frayeur ! Il fait noir, je suis coincée : d’un côté la paroi du rafiot, de l’autre Damien et Clément ratatinés l’un contre l’autre et boudinés dans leurs sacs de soie… Nous levons la tête, tout le monde est dans le même état… coincé à bâbord le matelas plissé en accordéon, manifestant des mines surprises ou apeurées… Certains imaginent le pire ! Les sacs, les téléphones, les bouteilles d’eau, les oreillers, tout a été projeté un peu partout dans le dortoir… Un véritable capharnaüm ! C’est en s’agrippant à la structure en bois du navire que nous regagnons la tribord… A quatre pattes, saucissonnés dans nos sacs à viande nous tentons de remettre de l’ordre avant la prochaine vague…
3ème jour. Au réveil les visages sont marqués, les traits tirés et les yeux gonflés mais les paysages qui nous entourent nous fait vite oublier cette nuit si mouvementée.
Des décors grandioses… De multiples péninsules aux paysages de savane et de mangrove, des vallées profondes, des plages désertes de sable blanc et des eaux turquoises.
Nous débarquons sur Komodo, l’île des dragons. Ces varans sont les plus grands reptiles au monde, ils peuvent atteindre trois mètres de long et peser plus de cent kilo. Ils s’attaquent à des proies de la taille d’un cerf, d’un sanglier ou d’un buffle. Sa gueule peut s’ouvrir considérablement et lui permettre d’avaler une chèvre d’un seul trait… Comme un serpent, il avale sans mâcher. Nous sommes accueillis par un guide armé d’un long bâton fourchu, d’entrée il nous met la pression… Briefing pour fixer les règles… Il insiste sur la sécurité des enfants, les reptiles confondraient le cri des enfants avec celui d’une biche et le varan... il adore ça les biches ! Alors qu’est-ce qu’on fait, on bâillonne tous les mioches avant de partir en randonnée ou au contraire on les laisse hurler sur place histoire d’attirer l’animal ? Trois guides nous accompagnent pour tenter d’observer la bête féroce. C’est Damien dit "œil de lynx" qui découvre le premier varan… Un dragon assoupi, un beau morceau étendu sous un arbre…
L’alerte est donnée, les trois rangers rappliquent prêts à nous protéger contre la moindre attaque. L’animal n’y accorde aucun intérêt et reste calme, nous en profitons pour faire quelques photos en gardant nos distances. Les guides eux sont un tantinet excités et s’improvisent photographe. Ils s’approchent dangereusement du reptile pour prendre la photo du couple ou de la famille en compagnie du varan (chouette idée pour décorer le salon!) ... ça ne plait pas à l’animal et je peux le comprendre ! Celui-ci se redresse et sans prévenir propulse sa tête mais aussi le reste de son corps vers l'avant, en direction d’un des guides… Il espère bien lui chopper un pied ou mieux, un mollet ou une jambe mais le rangers est vif … l’animal parvient à arracher la tong qu'il gobe en quelques secondes… notre super rangers a eu beaucoup de chance!
photo offerte par Karine et Fred, leur blog "Dans les cuisines du monde"
De retour vers l’entrée du parc nous prenons le temps d’observer quelques spécimens.
L’après midi est consacrée à la baignade mais surtout à la contemplation des fonds marins. Ce parc national possède des coraux en parfait état et une grande diversité de poissons… Les couleurs sont extraordinaires, un véritable plaisir pour les yeux !
4ème jour. Un lever de soleil formidable nous accueille en ce dernier jour de croisière. Deux petites heures de navigation suffisent pour rallier Rinca.
Comme Komodo, cette île détient une grande colonie de varan. Nous sommes une fois de plus reçus par les rangers. Comme à komodo ils mettent la pression en informant que les dragons de Rinca sont plus agressifs que ceux de Komodo puis ils nous sortent un argument de taille… La veille, une jeune fille indisposée a été coursée par un varan… Ah c’te blague, t’y crois celle là ! Je sais que les dragons ont un odorat ultra développé et que l’odeur du sang doit quelque peu les échauffer mais quand même ! Pourtant les guides n’ont pas l’air de blaguer, chaque fille est interrogée sur l’avancée de son cycle menstruel… j’hallucine ! L’une d’elle bénéficie d’une protection rapprochée pour parcourir le sentier… Euh... toi t’as tes trucs !
Nous parcourons les sous bois, marchons un petit moment à l’affût du moindre bruit (mais comme les guides et les gosses hurlent c’est un peu difficile) de la moindre forme animal mais rien. Les guides ne semblent pas très soucieux, ils poursuivent leur chemin et semblent plus absorbés par les cours de français donnés par les enfants que par les varans… "Un choval"… "Nan, un cheval!" … "Un chouval"… "Nan, un cheval!" ...
Nous ne trouvons aucun dragon sur notre route par contre, près des cuisines, une demi douzaine d’entre eux attendent avec impatience les restes d'un repas… pas très spontanée comme rencontre mais je dois dire que ça en jette!
Kelor island est la dernière halte de notre croisière, un petit îlot bordé d’une plage de sable blanc posé sur une mer aux eaux transparentes…
Sous l’eau, des centaines de poissons de toutes les couleurs… y’a pire pour finir !
Nous accostons à Florès en fin d’après midi et décidons de passer cette dernière nuit dans le bateau amarré au port… une dernière mauvaise nuit puisque les passagers du bateau voisin fêtent leur retour et finissent la soirée à vomir par-dessus bord... Sincèrement, la croisière Lombok-Florès... Une aventure fascinante !
PS une vidéo vous attend dans l'article : Java... de Bromo à Kawa Ijen