Ce matin nous partons comme prévu de Luang Prahang. Seulement 230 km nous séparent de notre prochaine étape mais il faut compter 6 heures pour les parcourir. Le van est ponctuel mais nous ne sommes que sept passagers... Le chauffeur, qui espère bien remplir sa bétaillère, passe de multiples coups de téléphone... Nous tournons pour le gaz dans Luang Prahang, passons trois fois dans les mêmes rues pour partir après 45 mn de palabres inutiles ! Nous sortons finalement de la ville et empruntons la nationale 13... La nationale qui a mauvaise réputation… Une route escarpée, sinueuse à la chaussée défoncée mais entourée de paysages à couper le souffle. Ça fait seulement quelques minutes que l’on roule mais je me rends vite compte que les prochaines heures vont être très difficiles… ça monte, ça tourne, ça descend, ça retourne… Les visages commencent à blêmir et les estomacs à lâcher. Clément est le premier à céder puis c’est au tour de Damien. Moi j’résiste, armée de mes sacs à vomi... Je compatis ! Le chauffeur, qui s’amusait à faire la course avec ses coéquipiers se calme. Il a peur qu’on lui pourrisse son van et il n’a pas tord ! Il nous accorde même une petite pose. Petite pose qui lui permet d’acheter, aux villageoises, des rongeurs qu’il pourra cuisiner ce soir.
t'aurais pas séché sur un tonneau toi ?
Je ne sais pas ce que c’est… Un mélange de rat et de cochon d’inde ? Il y a vraiment des animaux étranges dans cette contrée !
Nous arrivons enfin à Vang Vieng, c’est un petit bourg situé entre les montagnes karstiques et la rivière…
Vang Vieng a deux facettes, deux visages... Le meilleur et le pire... Le paradis et l’enfer...
Le pire ressemble à des scènes d’excès et de débauches : bouée, cocktails, techno et gueule de bois. Les jeunes australiens, américains et européens viennent consommer de l’alcool et d’autres substances illicites dans des bars ouverts situés le long de la rivière. Bars qui balancent de la musique techno à fond la caisse dès 10 heures du matin. C’est en début d’après midi que la fête commence.
Le but ? Descendre la rivière sur de grosses chambres à air de camions et s’arrêter dans les bars.
Boire, danser, descendre la rivière sur la bouée, reboire, plonger dans la rivière d’une tyrolienne ou d’un toboggan, reprendre la bouée, re-reboire, boire encore... Boire jusqu’à plus soif et arriver mi-comateux, trempés, débraillés, les yeux explosés au centre ville. Nous les voyons déambuler comme des zombis à moitié nus dans les rues. Le spectacle est pitoyable et effrayant puisque cette pratique engendre plusieurs morts par an !
Nous ne voulons pas exercer cette activité appelée le "tubing" mais aujourd'hui c’est l’anniversaire de Clément et lorsque nous lui demandons ce qui lui ferait plaisir il nous répond : "manger du gâteau au chocolat et descendre la rivière sur une chambre à air"... Ok, le gâteau n’est pas compliqué à trouver...
Et pour le tubing... Nous voilà partis, la bouée sous le bras.
Au début c’est rigolo, il y a un peu de courant... on se laisse porter... On s’arrose...
Puis le courant se fait rare, il arrive même que nos fesses frottent le fond de l’eau… "Aie, Ouille, maman papa, venez me chercher suis coincé sur un rocher !"... Et ça devient franchement galère... Je ne sais si c’est le fait d’avoir le postérieur qui baigne dans l’eau froid depuis une heure mais Clément a les intestins qui l’abandonnent. Il est transi de froid, pâle comme un linge. Impossible de rejoindre les berges abruptes, nous sommes bloqués au milieu de cette rivière. Cette PUT... de rivière ! Alors on bat des bras... Pendant prés de deux heures on bat des bras pour arriver au plus vite au centre ville et surtout mettre Clément au chaud et au sec. HAPPY BIRTHDAY mon loulou !
Mais il y a aussi le meilleur... Le meilleur ressemble à un endroit tranquille et traditionnel, un endroit en dehors du temps et de la modernité.
Pour en profiter il suffit de sortir des sentiers battus et de s’éloigner un peu. Nous en profitons durant quelques jours… Nous parcourons les chemins et les routes alentours à pied, à bicyclette et en scooter…
Les paysages sont splendides, on nomme cet région "la baie d’Along du Laos", il n’y a pas la mer mais les formations de calcaire font penser à cette baie que nous espérons voir prochainement.
Nous traversons des petits villages, des rizières,franchissons des ponts de bambou, visitons des grottes et nous rafraîchissons dans de petits lagons...
Et oui, Vang Vieng c’est aussi ça